Journée d’étude “Représentations de l’Asie au XVIII siècle”

Université Mount Royal, Calgary

jeudi 13 avril 2017

salle EA 1031 (Moot Court)

Au XVIIIe siècle, la redéfinition du territoire russe (découverte du détroit de Béring, démarcation des monts Oural et de la mer Caspienne) finit de mettre en forme une notion géographique jusque-là restée floue et peu usitée : l’Asie (Markovits). Le vocable, concurrencé par une terminologie également ancienne (l’Orient), peine à s’imposer dans les mentalités. Si la notion géographique d’Asie englobe Levant et Orient, l’usage commercial maintient une distinction entre les deux (Encyclopédie, art. Orient). Des pays incarnent à eux-seuls la problématique du découpage du monde : la Turquie est européenne et asiatique.

Dans son ensemble, cette bigarrure culturelle, imposée par le regard occidental, fascine et interroge hommes de lettres, curieux et philosophes : dans les débats sur la question religieuse (rites chinois, suttisme en Inde), par l’emprunt de figures de décentrement dans les écrits critiques (Lettres persanes de Montesquieu et Lettres chinoises de Boyer d’Argens), par une image ambivalente (les Chinois : sont-ils bons? Sont-ils méchants ?) rapportée au gré des missions et des expéditions commerciales ou des aventures réelles ou imaginaires des voyageurs (comme George Psalmanazar par exemple). Dans le même temps, le référent asiatique, de plus en plus connu et installé dans la culture européenne depuis le XVIIe siècle (Lach) et sous des formes diverses (chinoiserie par exemple), peut être jugé soit assez connu, soit assez vide de sens pour être réduit à un simple signifiant du lointain ou de l’ailleurs (Voltaire et le Catéchisme japonais).

Dans les études sur le XVIIIe siècle, l’Asie a certes déjà été appréhendée en tant qu’espace géographique et culturel des Lumières, mais en France, en tout cas, elle semble, pour l’instant, moins attirer l’attention que l’Afrique. De plus, les ouvrages concernant l’Asie des Lumières se sont le plus souvent focalisés sur la Chine, “oubliant” les autres pays constituant l'imaginaire asiatique des Lumières.


Programme

8h30- 9h00 : accueil des participants

9h15-10h15 : séance 1

Milos Avramovic (Université de Tours): Les représentations de l'Asie dans le Théâtre de la Foire

Andrzej Rabsztyn (Université de Silésie) : L’Asie dans les écrits de la fin du XVIIIe siècle : Jean Potocki

10h15-10h30 : pause

10h30-11h30 : séance 2

Miao Li (Mount Royal University) : L’exotisme chinois dans les Lettres chinoises du marquis d’Argens

Anthony Wall (University of Calgary) : Joseph-Marie Vien et ses nobles Chinois

12h00-13h00 : déjeuner

13h00-14h30 : séance 3

Maxime Georges Métraux (Université Paris IV) : Les représentations de l’Asie dans les tapisseries tissées par la manufacture royale de Beauvais

Olga Kulagina (Université pédagogique de Moscou) : Représentation de l’Inde dans Voyage aux Indes orientales et à la Chine de Pierre Sonnerat

Antoine Eche (Mount Royal University) : L’Asie illustrée dans l’Histoire générale des voyages de l’abbé Prévost.